« LÀ OÙ LE SOLEIL SE COUCHE » : ENTRE REEL ET FICTION

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« Là où le soleil se couche » – texte : Axel Cornil – accompagnement à l’écriture et mise en scène : Frédérique Dussene – assistant à la mise en scène : Quentin Simon. À La Maison des livreurs, rue du Trône 125 à Ixelles (Bruxelles). Jusqu’au 7 octobre 2023, 20h30, relâche les dimanches et lundis. Spectacle en français et en anglais, sans surtitres. Durée : 2h sans interruption.

La maison des livreurs n’est pas un lieu particulièrement consacré au théâtre, et pourtant, c’est là où Louise Hamel, chargée de production (Compagnie L’acteur et l’écrit), a choisi d’emmener le public pour assister à la mise en scène de Frédéric Dussenne. Ancien siège de la ligue des familles (1933-2021), la structure accueille une septantaine de personnes, dont : des familles (souvent monoparentales), une vingtaine d’enfants ; des sans-papiers, sans-domicile, artistes, ainsi que plusieurs associations.

Si le début du spectacle s’ouvre par une procession de chants et danse endiablée, on est vite rattrapé par le chaos du monde quand un certain Claus Meyer « mascotte adulée des scènes européennes » interrogé dans un talkshow par une médiatrice livre sa version noire du monde, l’avenir de la culture …

Le célèbre orateur, rôle magnifiquement interprété par Jérémie Siska est à chaque fois interrompu par un nouveau migrant et l’actrice principale de sa pièce présente sur le plateau pas du tout d’accord avec la position de l’auteur, « désavoue » publiquement la démarche de son metteur en scène. La mise en abyme fonctionne. Le spectacle mi shakespearien, mi à la Godard, présenté en deux temps entrecroisés, joue les contrastes, nous emmène dans l’univers de l’époque élisabéthaine. Les fées espions et les allusions à la toute-puissance de Dieu . On apprécie.

Le deuxième temps de la représentation raconte l’histoire d’une fratrie dans un vignoble du Sud de la France (à bout de souffle dû à l’agriculture intensive). Course à l’héritage, migrant, haine, amour, violence, jouxtes verbales, espoirs, ambiguïtés tant sexuelles que relationnelles ou conflictuelles sont au menu de cette saga familiale. Quoi de mieux pour raconter l’allégorie de fin de l’occident et de l’Europe. Les acteurs alternent chorales et texte dans une intrigue sans fin qui met en scène un écrivain raté alcoolique, un ex-tradeur ruiné de retour des USA et sa fille adolescente révoltée, une mère sévère et raciste, un migrant passant d’une « forteresse » à une autre. Règlements de comptes, humeurs, angoisses et pleurs, joies vont prendre place dans cette pièce blanche. La soixantaine de spectateurs sur deux rangées de chaises blanches de part et d’autres de la salle, sont scotchés.

Là où le soleil se couche a reçu le prix des metteurs en scène du « Centre des Écritures dramatiques Wallonie Bruxelles ». Et, il faut le dire, ça se comprend, car les comédiens sont bluffant. Si certaines scènes sont un tantinet superflues, cela n’en reste pas moins un spectacle intéressant et divertissant à voir certainement.

Julia Garlito Y Romo

Comédien(ne)s: Heloïse Jadoul (Sylvia/Carla); Brandon Kano Butare (La présentatrice); Marie Phan (Sun); Jérémie Siska (Claus/ Camille); Renaud Tefnin (Francis); Benoît Van Dorslaer (L’aède); Marthe Wijckaert (Marie); Jérémie Zagba (Amine/Mahmoud) – dramaturgie : Béatrice Wegnez; scénographie : Vincent Bresmal et Mathieu Delcourt ; costumes : Romain Delhoux ; création lumière : Renaud Ceulemans ; direction technique et régie générale : Antoine Halsberghe ; chargés de la médiation : Yacine Adil et Mathias Rouche ; responsable musical : Christine Leboutte ; production : Louise Hamel pour L’acteur et l’écrit ; graphisme : Amaury Simon

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