
Illusions perdues – Pauline Bayle – Au Théâtre de l’Atelier, Paris, jusqu’au 6 octobre 2024.
Pauline Bayle s’attaque à un nouveau monument de la littérature après l’Iliade et l’Odyssée : Illusions Perdues d’Honoré de Balzac, un des plus longs romans de l’auteur. Le challenge semble compliqué à réussir mais le pari de la metteuse en scène est de miser sur une simplicité qui fait ressortir le propos du texte avec une pertinence sans pareil.
De l’imposant roman Balzacien, Pauline Bayle choisit de ne s’attacher qu’à l’histoire de Lucien. Il est né d’une rencontre entre sa mère noble Madame de Rubempré et d’un Mr Chardon, jeune pharmacien à Angoulême. Naïf et jeune, il rêve de gloire littéraire grâce aux sonnets qu’il écrit et décide de monter à Paris pour connaitre le succès. La dure réalité du monde va le rattraper rapidement et ne lui fera pas de cadeau dans son apprentissage de la vie. Les échecs et les désillusions vont se succéder.
La scène est épurée, laissant l’esprit imaginer la salle de presse, le théâtre ou la chambre de Lucien. La scène vide est comme un ring où toutes les bassesses, vengeances et autres manipulations seront révélées comme des uppercuts violents.
Les scènes s’enchaînent avec une fluidité incroyable, sans que jamais nous nous doutions de l’épaisseur de ce roman. Le jeu des cinq comédiens y est pour beaucoup car ils déploient une telle énergie, changeant de rôle grâce à une simple veste ou une chemise enfilée sur le bord du plateau. Jamais ces 2h30 n’ont paru aussi courtes. Manon Chircen, Zoé Fauconnet, Anissa Feriel, Frédéric Lapinsonnière et Adrien Rouyard forment une sacrée troupe. Le spectateur ne peut qu’applaudir la performance qui leur a été présentée avec brio.
Valérie Leah
Photo Simon Gosselin