« MAYERLING », RETOUR DU BALLET DE MACMILLAN

Mayerling – Chorégraphie : Kenneth MacMillan – Musique : Franz Liszt – Opéra Garnier Paris – Jusqu’au au 16 novembre 2024.

Repris cette année à l’Opéra Garnier, Mayerling qui a fait son entrée au répertoire de l’Opéra lors de la saison 2022/23 affiche salle comble.

Créé en 1978 par Kenneth MacMillan au Royal Ballet de Londres, ce ballet en trois actes est une histoire créée autour du pavillon de chasse près de Vienne où est retrouvé mort l’archiduc Rodolphe, ainsi que sa maîtresse la très jeune baronne Mary Vetsera. Rodolphe était le fils de l’empereur François-Joseph Ier et de l’impératrice Élisabeth d’Autriche (Sissi). Beaucoup de spéculations sur ce qu’il s’est passé : on suppose un double suicide, ou le meurtre de la jeune fille suivi du suicide de Rodolphe. L’histoire de Mayerling, c’est donc : que s’est t‘il passé pour en arriver là ? Le ballet suit Rodolphe dans ses turpitudes, ses angoisses et ses relations avec ses nombreuses maitresses. Il y a beaucoup de personnages et le récit est complexe. La violence est quasiment omniprésente durant toute l’histoire.

La partition de Franz Listz n’est pas toujours limpide mais elle contribue à l’ambiance qui devient oppressante surtout au troisième acte.

Mayerling est un ballet en costume historique et avec des pointes. Kenneth Mac Millan a fait travailler les danseurs sur leur jeu théâtral (les sentiments sont nombreux et intenses) et leur propose des défis physiques via de nombreux portés acrobatiques. En l’occurrence c’est surtout Hugo Marchand, magnifique Rodolphe tourmenté, qui se retrouve à porter ses partenaires avec une technicité impressionnante. Il sera ovationné à de multiples reprises. Et pour le jeu théâtral, il y a cette scène où il demeure immobile en regardant sa mère et l’on sent les émotions que le traverse.

Peu de rôles masculins : Rodolphe est accompagné par son cocher Bratfisch (Pablo Legasa) qui a certes un petit rôle mais dont la technique dansée est fort agréable. L’empereur François-Joseph (Léo de Busserolles) ne danse pas mais sa présence impose le respect et c’est le seul personnage qui a autorité sur Rodolphe.

Pléthore de femmes autour de Rodolphe : Mary Vetsera (Dorothée Gilbert) dont la présence va en s’imposant jusqu’à la fin tragique. En totale opposition avec la Princesse Stéphanie, l’épouse de Rodolphe, elle se fera provocatrice et jouera avec le crane qui a épouvanté Stéphanie. Ses pas de deux avec Rodolphe sont empreints d’érotisme et de désespoir et certains portés sont hautement acrobatiques.

La Comtesse Marie Larisch (Hannah O’Neill), l’entremetteuse et ancienne amante apparait comme une manipulatrice. Elle danse avec assurance et charme un pas de deux au début du ballet dans la salle de bal même si son amant l’a délaissée.

La Princesse Stéphanie (Silvia Saint-Martin) passera du statut de la jeune fille naïve et bafouée à celui d’épouse amère et résignée. Dans son pas de deux nuptial, elle est terrorisée puis maltraitée, manipulée par un sadique, il lui est impossible de se défendre. La violence de cette nuit de noce est particulièrement bien rendue dans leur duo.

L’Impératrice Elizabeth (Héloïse Bourdon) possède une autorité naturelle et sa présence sur scène s’impose naturellement. Sa relation particulière avec son fils semble basculer en sa faveur quand elle le traite avec froideur.

Mizzi Caspar (Roxanne Stojanov), la prostituée extravertie et charmeuse qui met tout son savoir faire pour charmer Rodolphe.

A noter la prestation vocale de Seray Pinar dans le second acte.

Il faut surtout saluer l’engagement de toute la troupe du Ballet de l’Opéra de Paris pour incarner la complexité émotionnelle de cette histoire troublée et troublante.

Valérie Leah

Photo Hugo Marchand

Une réflexion au sujet de « « MAYERLING », RETOUR DU BALLET DE MACMILLAN »

  1. Merci votre article est très intéressant et complet. J’y étais hier soir, et sauf erreur de ma part, le corps de ballet n’a pas salué. Pourquoi? Il m’a semblé qu’il y avait plus de 18 danseurs….

    Merci pour votre réponse.

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