
MAGAZINE. Exposition Sculptures hyperréalistes de Carole Feuerman à la Galerie Bel-Air Fine Art, Galeries Royales Saint-Hubert à Bruxelles. La grande collection jusqu’au 21/11/24, et une petite partie des œuvres encore quelques jours.
Les baigneuses, toutes en poésie
Parmi d’autres œuvres de divers artistes contemporains, la Galerie Bel-Air fine Art (située à l’intérieur-même des Galeries Royales) expose, depuis le mois d’octobre dernier, les réalisations de la sculptrice américaine Carole Feuerman, et, dans la prolongation de l’exposition, les Galeries Royales Saint-Hubert habillent leur allée des spectaculaires et magistrales sculptures géantes: des baigneuses plus vraies que nature, d’une beauté extraordinaire, telles des déesses, ainsi que des danseurs.
Célèbre pour ses illustrations en 3D pour des couvertures de magazines et des carnets de tournée mondiale (dans les années 1970), représentant des stars du rock comme les Rolling Stones, pour ne citer qu’eux, la sculptrice super-réaliste, Caroline Feuerman, crée à la même époque, des œuvres érotiques fragmentées ajoutant ainsi « une dimension de complexité controversée à son art ». À ce moment-là « le monde n’est pas prêt pour cet art érotique à partir du regard féminin », confie l’artiste lors d’une interview américaine, et c’est tout naturellement que, plus tard, « elle se concentrera plus sur les sports et les loisirs ».
C’est au début des années 1980 que l’artiste va « abandonner » le fragment pour s’intéresser aux sculptures réalistes. Passionnée par l’eau et l’océan depuis l’enfance, Caroline Feuerman transmet ses sensations de gouttes d’eau sur la peau (après la baignade) à travers son art. « La plage devient son sanctuaire » une forme « d’évasion et de tranquillité ». C’est d’ailleurs lors d’une sortie à la plage avec ses enfants, qu’un nageur le visage couvert de gouttelettes, attire son attention. Le « sentiment de fierté et d’accomplissement » du nageur est tel, que l’image captive immédiatement Feuerman. Naît alors, en 1978, la première sculpture de nageuse intitulée « Catalina ». Malcolm S. Forbes (entrepreneur et politicien américain, aujourd’hui disparu) devient si féru de son art qu’il passe à être « son premier grand collectionneur ». On peut le comprendre ! Mais c’est surtout le grand-père de l’artiste qui, convaincu de son talent, l’aide à créer son premier atelier. Et puis pour la petite anecdote, c’est la nageuse et actrice célèbre Esther Jane Williams (disparue en 2013 à l’âge de 91 ans), médaillée d’or olympique, qui apprend à nager à la petite Carole. Plus encore que le fait de nager, c’est surtout la mer, l’amour de l’eau, de la brise et des vagues qui inspirent la sculptrice.
À ce talent exceptionnel, s’ajoute le souhait de véhiculer un travail qui porte « sur les problèmes auxquels les femmes sont confrontées ». En effet, à ses débuts (et peut-être encore aujourd’hui), l’artiste, profondément féministe, a été confrontée au milieu des hommes monopolisant l’art comme étant légitime. Elle a dû se battre pour prendre sa place dans le monde de l’art, plus que largement mérité. L’artiste narrative américaine, aujourd’hui âgée de 79 ans, est d’ailleurs la seule femme à sculpter dans ce style, la sculpture figurative hyperréaliste. En 2011, elle fonde la « Carole A. Feuerman Sculpture Foundation » qui soutient les artistes féminines sous-représentées tout en « assurant des initiatives d’archivage, encourageant la recherche menant à de nouvelles études dans le domaine de la sculpture ».
New York (où elle réside), la Biennale de Venise, Paris, Bruxelles, Florence, Hon Kong, Corée, Miami, Chicago… l’art de Feuerman est partout, des œuvres parfois monumentales, souvent, en plein air !
Les gouttes d’eau sur le visage de ses créations sont absolument bluffantes, l’envie de les toucher est irrésistible, la peau de la baigneuse, de la danseuse, paraît réelle tout comme chaque partie du corps. Combinant des matériaux tels que l’acier, le plastique et le bronze, ou encore la lumière, l’eau, du marbre et la résine (moins depuis la découverte de matière cancérigène), des portraits ultra réalistes absolument déconcertants : Les sculptures de Carole A. Feuerman, à découvrir à la Galerie BEL-AIR FINE ART à Bruxelles et certainement partout dans le monde où cette artiste engagée, hors du commun exposera à nouveau.
J’y vais, j’y retourne et j’en parle autour de moi,
Julia Garlito Y Romo

Photos Julia Garlito