
Pelléas et Mélisande – Musique Claude Debussy – Livret Maurice Maeterlink – Mise en scène Wajdi Mouawad – Direction musicale Antonello Manacorda – Opéra Bastille Paris, jusqu’au 27 mars 2025. Durée 3h 25 avec 1 entracte.
Créé en 1902 par Claude Debussy sur un texte poétique de Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande est un drame en cinq actes qui conte l’histoire de Mélisande, découverte dans une forêt par Golaud, qui décide de l’épouser. Mais hélas, c’est de Pelléas, le demi frère de Golaud, que Mélisande va tomber amoureuse, déclenchant la jalousie meurtrière de son mari.
Wajdi Mouawad s’empare de cette œuvre pour nous proposer une relecture à la fois sombre et captivante. Il nous réserve quelques surprises agréables :
L’opéra commence avant même l’introduction musicale : un animal traverse la scène avec une lance planté dans son dos.
Le fond de scène est occupé par un écran qui projettera en permanence des images mouvantes de la foret, du château, des plans d’eau,… dont on découvre qu’il en fait constitués de bandes de film réfléchissants, ce qui permet aux chanteurs d’entrer ou sortir par l’écran dans un fondu harmonieux.
Les sous-titres de cet opéra sont en plus projeté sur cet écran de fond de scène ce qui permet au spectateur d’avoir la compréhension totale des chants sans quitter la scène des yeux, un dispositif qui permet une immersion totale. Car l’immersion du spectateur dans l’histoire est bien l’effet recherché et c’est une réussite même si certaines scènes auraient mérité une mise en lumière plus intense.
A la baguette, c’est l’italien Antonello Manacorda qui tient l’Orchestre National de Paris avec une direction en phase avec les images pour toujours nous plonger au plus près de l’action. La direction est fluide et maitrisée.
Pour le casting vocal, nous sommes comblés avec Sabine Devieilhe qui maitrise son jeu et nous fait sentir la fragilité de Melisande et son timbre de soprano est parfait. Coté masculin, Il n’y a pas à rougir non plus. Le baryton Huw Montague Rendall est un prince Pelléas mystérieux et qui chante magnifiquement dans un français bien maitrisé. Il est en totale complémentarité de son demi frère jaloux Golaud (Gordon Bintner). Il faut compter aussi avec celui qui domine la scène française de sa puissante voix de basse : Jean Teitgen, le roi Arkel.
Au final, le public ne s’y trompe pas et ovationne les chanteurs et les musiciens.
Valérie Leah
Photo Benoîte Fanton / ONP