
LE SEPTIEME JOUR de et avec Alberto García Sánchez, avec la complicité de Nelly Bernard et Jean-Jacques Epron ; collaboration rédactionnelle de Magali Armengaud, Clotilde Dumay et de Marie-Pierre Hoareau. A été joué au Théâtre des Riches-Claires, à Bruxelles jusqu’au 25/04/25 et au sera au Offl d’Avignon, à la Maison de la Parole, du 5 au 26 juillet 2025 (relâche les 10, 17, 24 juillet) (*)
Regard porté sur les exclus de la société, les « sans-abrismes » (sic), les « expulsés du paradis » ; raconter la « lutte des classes » avec brio, subtilité, humour et poésie : brillant !
Le paradis est-il vraiment perdu ? Peut-être a-t-il tout simplement été maltraité, ou privatisé, voir… oublié… ! Imaginez que le paradis ait « été expulsé de l’humanité », « expulsé de nos pensées et de nos rêves… » et qu’il n’attende qu’un geste pour envisager un nouveau retour… Peut-être suffit-il que « l’on ait le courage de l’imaginer » … Non ? Et si l’on changeait les histoires des séries et qu’au lieu d’un policier on raconte celle d’un… ouvrier ? Et pourquoi pas ? Au fond, c’est vrai qu’il « n’y a pas de représentations des gens qui travaillent » ! « On devrait créer de nouveaux contes et de nouveaux films, des séries, où le héros serait un plombier, par exemple »:
Il est trois heure du matin. Soudain, dans la pénombre d’une chambre, un téléphone sonne. Le plombier se réveille, habitué à ces réveils nocturnes, il répond avec calme : « Oui ? ». « Aidez-moi, je vous en prie, un tuyau fuit (…) ». « J’arrive » ! (…) Prenant son courage à deux mains, armé de son bac à outils, il traverse les rues sombres de la ville (…). Suspense !
La suite, Alberto García Sánchez, conteur, comédien, auteur et metteur en scène d’origine espagnole, la raconte au public. Les spectateurs sont captivés par l’artiste, par la virtuosité de ses mots, la grâce de ses gestes et de ses mimes. Avec élégance, subtilité, humour et poésie, Alberto raconte l’harmonie qui régnait au septième jour de la création. « Le paradis n’avait pas besoin de poète.sses ni de conteur-euses car la justice et la beauté étaient présentes toujours et partout ». Et puis… « la cupidité est apparue entrainant dissonance et conflits ».
Le septième jour commence par un « mythe cosmogonique », celle de la « Force créatrice » de ses inquiétudes, ses succès, ses souhaits mais également la peur de voir tomber l’Humain dans la bêtise. Petit à petit, l’artiste barcelonais, va amener le public vers le sujet de la lutte des classes. Pour la petite anecdote, lorsqu’il envisage ce spectacle, en pleine création, Alberto décide de faire son enquête et interroge les gens autour de lui. Il « prend la température », demande à des amis : « Je vais créer un spectacle sur la lutte des classes, qu’en pensez-vous » ? Les réactions et les réponses surprennent plus qu’on ne l’imagine. García Sánchez le dévoile sur scène, au fur et à mesure, avec virtuosité. Le spectacle met le doigt sur la marginalisation, l’humiliation, l’injustice, qui règne encore et toujours au XXIème siècle, et jette un regard « sur les expulsés du paradis ».
Pourtant… il ne suffit que d’un geste pour envisager un nouveau retour vers l’harmonie du début des temps…
Alberto Garcia Sanchez : un parcours haut en couleurs digne d’intérêt !
Né à Barcelone, résident en Belgique, souvent en Allemagne, le parcours d’Alberto est impressionnant. Il débute sous « l’influence du théâtre catalan après la chute de la dictature franquiste ». Engagé dans la vie sociale et politique, il anime des activités culturelles dans les prisons, dans les écoles et dans les mouvements citoyens de sa ville, ainsi que des ateliers de formations dans le milieu pénitencier. Il s’engage même comme « comédien-brigadiste » dans la révolution sandiniste au Nicaragua. En 1991, il quitte Barcelone pour se former au Théâtre Lassaad à Bruxelles, entre autre. Il apprend à maîtriser différents genres de théâtre et aborde ainsi la tragédie grecque, la Comédia dell’Arte, le bouffon, le clown, le conte mélodrame.
Nombreux sont les festivals internationaux où il participe notamment en Espagne, en Amérique latine et ailleurs. Nombreux prix à son actif, dont le Prix Molière (jeune public) en 2011. Souvent sollicité pour diriger des compagnies de théâtre dans le monde, amoureux de l’art du conte, par définition « dépourvu d’artefacts », auteur de nombreux ouvrages, Alberto García Sánchez, est un artiste à suivre. Il est d’ailleurs toujours en tournée avec « Elle est mon genre », un spectacle qui traite de la condition féminine.
« Tant que ce septième jour se tiendra loin de nous, la poésie s’obstinera à prendre la parole, la parole irriguera les arts et l’art de la parole persistera, loin de toute posture, comme une nécessité intime ». Alberto García Sánchez.
Un spectacle qu’a proposé le Théâtre des Riches Claires à Bruxelles et qui se tiendra également au Off du Festival d’Avignon du 5 au 26 juillet à la maison de la Parole.
J’y vais absolument et j’en parle autour de moi !
Julia Garlito Y Romo
(*) Spectacle tout public à partir de 12 ans. Accessible aux déficients visuels.