« ARIODANTE », L’OPERA D’HAENDEL QUI REVITALISE L’ORLANDO FURIOSO

Ariodante – Opéra en trois actes d’Haendel (1735) – Mise en scène Robert Carsen – Direction musicale Raphael Pichon – A l’Opéra Garnier, Paris, jusqu’au 12 octobre 2025.

Haendel s’inspire à plusieurs reprises de l’Orlando furioso (Roland furieux), un poème épique, pour écrire cet opéra en trois actes en 1735 qui sera donné au Covent Garden theatre.

La fille du roi d’Ecosse, Ginevra aime Ariodante. Son père lui donne sa bénédiction pour qu’ils se marient et qu’Ariodante devienne le prochain souverain. C’est sans compter sur l’ambition dévorante de Polinesso qui va user de son charme auprès de Dalinda, la suivante de la princesse, pour faire croire que Ginevra est infidèle à Ariodante qui veut se suicider quand il découvre cette (fausse) trahison…

Le canadien Robert Carsen propose une version particulièrement réussie de cet opéra. On ne peut s’empêcher de penser à la demeure royale de Balmoral en Ecosse que ce soit pour la salle de bal (et ses danses magnifiques), le bureau du roi ou les alentours. Bien que la couleur verte soit omniprésente (mur, sol, portes) et peut surprendre le spectateur lors des levers de rideau, le résultat est flatteur grace à une mise en lumière où le canadien est partie prenante avec Peter van Praet, il distille son gout pour le baroque avec un esthétisme choisi avec soin. Les changements de décors sont opérés pendant les solos vibrants des chanteurs qui viennent sur l’avant scène, un rideau (vert aussi) descend derrière le chanteur laissant ainsi libre le plateau pour ses changements. Du vert, il y en aussi sur les kilts des chanteurs et des figurants. Le public ne s’y trompe pas et ovationne longuement à fin du spectacle tous les participants.

Dans le rôle titre, nous découvrons l’étonnante Cécilia Molinari qui garde une voix parfaite même lors qu’elle se débat dans les affres du chagrin et chante couchée au sol. Son jeu est riche en émotion. Face à elle, c’est Jacquelyn Stucker qui incarne Ginevra, la fille du roi d’Ecosse. Même si elle semble peiner un peu par moment, sa prestation demeure brillante et sa présence sur scène suscite l’émotion car son jeu est très expressif. Sabine Devieilhe est la suivante Dalinda, ses aigus clairs et brillants font chavirer le public alors qu’elle sera flouée par un excellent Christophe Dumaux qui joue un bien vilain Polinesso avec talent tant dans son chant de contre ténor que dans son jeu sur scène, son attitude reflète à merveille la perfidie de son personnage. Pour compléter le casting, soulignons la riche voix de Ru Charlesworth, le frère d’Ariodante et la belle basse de Luca Tittoto en maitre de ce royaume.

Raphaël Pichon, si reconnaissable dans sa conduite musicale et l’ensemble Pygmalion seront fort applaudis et c’est amplement mérité car le prestation musicale fut splendide et tout en nuance. Les Chœurs de l’Opéra de Paris forme la troupe des courtisans et propose aussi une prestation de qualité.

Au final, le public sort ravi de cet opéra qui les a fait voyager au pays des kilts.

Valérie Leah

Photos Guergana Damianova / ODP

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