
« Berlin Berlin » – Une comédie de Patrick Haudecoeur et Gérard Sibleyras, mise en scène de David Leclercq, scénographie de Sophie Hazebrouck (*), au Théâtre Royal des Galeries à Bruxelles jusqu’au 12 octobre 2025 à 20h15, dimanche : 15h00.
« Berlin Berlin » : Réflexion sur la condition humaine contée avec humour
Pour se mettre dans l’ambiance de l’époque, David Leclercq confie avoir lu beaucoup sur la vie en Allemagne de l’Est avant la chute du mur -tout en replongeant dans ses souvenirs d’enfance- avant de s’attaquer à la mise en scène de « Berlin Berlin ». L’idée toutefois est de privilégier la fantaisie en « oubliant » un peu le sévérité de l’Histoire et l’on peut dire que le pari est réussi. « C’est une pièce à part », précise le metteur en scène. En effet, si les thématiques sont l’espionnage et la politique, des sujets pour le moins sérieux, la pièce les aborde telle une « vraie farce avec un goût prononcé pour l’absurde », poursuit David Leclercq. Une manière de « résister » à l’ambiance politique du moment, où le monde est en équilibre sur une corde bien tendue… Entre régimes autoritaires, les extrêmes qui refont surface, un vaudeville et une comédie d’espionnage réunis dans un seul spectacle, vaut certainement le détour ! Patrick Haudecoeur et Gérard Sibleyras se réunissent à nouveau pour créer cette comédie à rebondissements sur fond de Guerre froide et de surprises auxquelles on ne s’attend pas. Absolument réjouissant. Les décors sont, comme toujours au Théâtre des Galeries, incroyables et réalistes à souhait. On passe de l’appartement de la vieille dame -d’où l’on voit passer le temps à travers la fenêtre- au bureau de la Stasi avec un sens du détail bluffant. Des dialogues subtils avec une bonne dose d’ironie.
Le pitch : Emma Keller (Juliette Manneback) et Ludwig (très drôle : Othmane Moumen) sont amoureux. Ce serait tellement merveilleux de se marier… Oui, mais, pas à Berlin Est, derrière ce mur de la honte… Le rêve, serait de réaliser ce mariage à Paris et pour cela, il faut passer à l’Ouest. Comment ? Emma à une idée : se faire engager comme aide-soignante chez Werner Hofmann, officier de la Stasi (irrésistible : Nicolas Buysse) pour s’occuper de sa vieille mère sénile. La femme est terriblement acariâtre et ne peut s’endormir que si on lui chante… « Kalika ». Mais l’effort en vaut la chandelle, car l’appartement de cette dernière cache un passage secret… Traverser à l’Ouest devient un rêve réalisable. Oui mais… tout n’est pas si simple… Les membres de la Stasi veillent au grain et lorsque les espions s’en mêlent, ça devient franchement compliqué. Emma, plutôt téméraire, et Ludwig, un peu benêt mais si adorable, essaient de se sortir de cette pagaille sans nom. Entre malentendus, quiproquos, maladresses, changements de rôles, un Général Mutz peu enthousiaste (l’excellent Pierre Pigeolet), un-Werner Hoffman prêt à tout pour son amour et le terrifiant commandant Neptune (Stéphane Pirard), la tension monte.
Qu’adviendra-t-il d’Emma et Ludwig ? Leur projet va-t-il aboutir ? Suspens jusqu’à la fin garanti.
Une distribution bien belge, comme on les aime ! Ingrédients ? Quête de liberté, recherche d’identité, amour, personnages attachants, drôles à souhait. L’Humour mêlé à l’Histoire, espionnage et politique, situations loufoques : « Berlin Berlin » et son rythme endiablé, véritable baume au moral en ces temps perturbés où les extrêmes reviennent au galop et les nouvelles bien sombres.
Berlin Berlin : « La comédie qui fait tomber les murs », Molière de la meilleure comédie 2022. À découvrir au Théâtre Royal des Galeries, à Bruxelles jusqu’au 12 octobre 2025.
Julia Garlito Y Romo
Distribution : Allan Bertin (Chauffeur et agent de la Stasi 1), Nicolas Buysse (Wermer Hofmann), Catherine Decrolier (Birgit Hofmann et Hildegarde, en voix off), Juliette Manneback (Emma Keller), Othmane Moumen (Ludwig), Benoit Pauwels (Hans et le prisonnier cagoulé), Pierre Pigeolet (Général Munz) et Stephane Pirard (Commandant Neptune et agent de la Stasi 2).
(*) : Assistante à la mise en scène: Hélène Catsaras ; lumières : Laurent Comiant ; musique : Laurent Beumier ; costumes: Gaëlle Marras.