FOCUS : ALSARAH, L’ÉTOILE DE LA POP NUBIENNE

MUSIQUES. Focus sur Alsarah, étoile de la Pop nubienne. Dernier album : « Seasons of the Road ».

La chanteuse américano-soudanaise Alsarah est une aventurière musicale qui n’hésite pas à transgresser les normes et codes des sources musicales qui sont les siennes. Une culture qui prend racine dans un syncrétisme d’influences arabes et africaines.

Avec son groupe multiculturel, Alsarah & the Nubatones, elle exprime les traumatismes d’un peuple qui souffre, le sien, et les douleurs qui la hantent, en tant que réfugiée, en tant soudanaise de coeur et américaine par nécessité. Le tout avec une liberté sans frontières et une générosité sans limites.

Alsarah a toujours détesté se faire ranger sous l’étiquette commode « Musiques du monde », qu’elle trouve péjorative et souvent limitée aux artistes non blancs, ceux de la diaspora africaine notamment, entre autres diasporas. Une conscience politique qui la porte et dans laquelle elle puise son énergie et sa volonté farouche de s’ouvrir au monde et de transmettre. Son expérience de réfugiée, ses racines et sa culture nourrissent sa créativité. « Je suis une entité politique. La raison pour laquelle je suis ici est politique. Si vous consommez ma musique et que vous voulez être ici pour cela, vous devez l’accepter… »

Son dernier album, « Seasons of the Road », fait l’objet avec ses Nubatones d’une tournée mondiale, qui passe par les capitales arabes, les États-Unis et l’Europe. Sa musique, chantée dans ses deux langues, l’arabe et l’anglais, a vu le jour en 2019, et prend ses sources dans la révolution soudanaise qui a mis bas la dictature épouvantable d’Omar Al-Bachir.

Pour Alsarah, cette période représente “un moment qui l’a déracinée”. Son écriture et sa musique se sont retrouvées imprégnées de cette rébellion et de ce qui a suivi : une répression sanglante et la guerre ensuite, une guerre atroce dont on parle peu au plan international, mais qui fait des ravages au Soudan.

Alsarah s’est peu à peu débarrassée des assignations qu’on lui imposait : Arabe du Soudan, alors que les Arabes ne la considèrent pas comme telle… Et Noire aux Etats-Unis, ce qui n’est pas une sinécure…

Du coup, c’est par la force et la grâce de sa musique qu’elle est parvenue à dépasser ces stéréotypes et assignations toxiques, se « réhabiliter », et à exprimer la plénitude de son art, en tant que femme puissante, en tant qu’artiste universelle, réfugiée et porteuse d’espoir et de cultures irréductibles. Sa solidarité indéfectible avec les populations comme elle immigrées et celles qui endurent l’injustice, comme le peuple palestinien, en font le porte-drapeau de toute une génération d’artistes libres et déterminés.

On a essayé de broyer les identités pour en faire une sauce appelée ‘identité nationale’. Cela ne fonctionne pas. Les gens se sentent effacés. Cette culture mondiale tournée vers les peuples indigènes me plaît beaucoup”, plaide t-elle. Sa musique et ses prises de position en sont l’éclatante démonstration.

MR

Sources : Rolling Stone Mena (numéro d’octobre-novembre 2025)

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