
LA BELGIQUE CONFIE SON PAVILLON OFFICIEL DE LA BIENNALE 2026 A MIET WARLOP : Biennale d’Art de Venise, Giardini de la Biennale, Sestiere Castello, Venezia, 9 mai – 22 Novembre 2026.
Toujours très politique, La Biennale, à nous d’en décrypter les enjeux…
On minore souvent les enjeux nationaux à l’oeuvre à Venise : La Biennale Arte n’est pas qu’une exposition internationale… Mais bien la vitrine officielle des nations, et de ce qu’elles veulent faire passer comme message au reste du monde. Ainsi, pour 2026, les USA, sur ordre du dictateur délirant et paranoïaque Donald Trump, se sont attribués le travail d’un illustre inconnu, qui n’a jamais quasiment exposé et qui donc, les représentera dans leur pavillon officiel des States of America… Avec des oeuvres pompier (comme il plaît au « grand maître MAGA ») et surtout pas dérangeantes (comprenez, surtout pas « woke », inclusives, ni engagées) selon les préceptes de l’autocrate, qui se mêle de tout, y compris de l’Art contemporain…
Tout comme les Ukrainiens qui se sont choisi un artiste propre à défendre leur cause, ou encore l’Autriche qui a convoqué la sulfureuse performeuse destroy Florentina Holzinger, en pied de nez à l’extrême-droite fasciste qui monte, monte, dans ce pays qui a vu grandir Adolf Hitler, de sinistre mémoire… Un coup d’éclat qui ne passera pas inaperçu dans cette Autriche gangrénée par les théories complotistes et dangereuses des néo-nazis qui pullulent désormais, ainsi qu’un clin-d’oeil à la riche histoire artistique de ces dernières décennies, comme l’avant-garde autrichienne des années 60 et 70, dont l’Actionnisme viennois, qui a su avec brio traiter de sujets qui à l’époque, sentaient le souffre : la nudité, la scarification et les mutilations volontaires, le féminisme… l’Art corporel poussé à son extrême…
Et que dire de la médiocrité du choix pour le pavillon France en 2026 ? Une artiste plus proche de l’artisanat et du folklore que de l’Art, quasi inconnue, une franco-marocaine qui plaira à un autre autocrate, le Mohammed VI dont on sait combien il est « protecteur des arts » (et de la liberté de penser, et de celle des femmes)… Une « artiste » parachutée, sous perfusion, pour raisons diplomatiques uniquement, qui est là par la grâce de notre chère ministre de la Culture, comme on le sait très compétente en matière d’Art, et de Culture en général. Cette artiste sortie d’on ne sait où, va subir – avec raison- les foudres de la critique internationale -et la France avec, du coup, pour l’avoir choisie -et ce ne sera que justice- tant son « oeuvre » est insignifiante, inconsistante et nulle et non avenue. Juste « politiquement » et « diplomatiquement » correcte. Une cata annoncée…
En revanche, la Belgique a fait montre d’un culot certain en invitant l’extrême et couillue Miet Warlop : artiste plurielle et « dérangeante », performeuse, chorégraphe, artiste visuelle, metteuse en scène, cette trublionne flamande (qu’elle soit flamande, même si elle vit -par choix- à Bruxelles, en Wallonie, c’est déjà une provoc et un message politique à usage interne de la Belgique, de la part des institutions belges), est un Ovni parmi le milieu belge des scènes contemporaines. Alternative, expérimentale, féministe radicale, provocatrice, sulfureuse, cette artiste qui n’a pas froid aux yeux sera assurément une digne représentante de l’excellence belge en matière d’Art et de ses artistes, nombreux, qui depuis les Surréalistes belges, ont rayonné brillamment dans le monde entier, et ont encore beaucoup à nous apporter et le font avec brio.
Eh oui, on le sait tous, la Biennale de Venise est une scène politique, éminemment politique. Un terrain de propagande et de soft-power qui n’a jamais échappé aux pays qui envoient à La Biennale leurs artistes « emblématiques » de leur « ligne culturelle », de leur idéologie et de leurs enjeux diplomatiques. Cette édition 2026 n’échappe pas à la règle.
Marc Roudier
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Communiqué de presse : Miet Warlop, ‘IT NEVER SSST’, Pavillon belge, Biennale de Venise 2026
Avec Caroline Dumalin comme curatrice, l’artiste plasticienne et performeuse belge Miet Warlop, basée à Bruxelles, était en lice pour représenter les artistes belges au pavillon national lors de l’édition 2026 de la Biennale. Sur les conseils d’un jury d’experts, la Ministre flamande de la Culture Caroline Gennez (Vooruit) a sélectionné le projet parmi 21 propositions. MORPHO et KANAL-Centre Pompidou à Bruxelles sont partenaires institutionnels de IT NEVER SSST.
En activité depuis 2010 et son premier spectacle « Springville », l’artiste, performeuse, chorégraphe et metteuse en scène et performeuse Miet Warlop avait littéralement crevé l’écran au festival d’Avignon lors de l’édition 2022, avec « One Song », fresque moderne ultra-rythmée qui parlait du deuil et de la manière de se confronter à celui-ci par le prisme du sport comme un mantra.
IT NEVER SSST fera quotidiennement danser les spectateurs à Venise. Dans la foulée du succès de One Song, Miet Warlop a travaillé sur un nouveau spectacle intitulé « Chant for Hope », co-commissionné par KANAL-Centre Pompidou, qu’elle a présenté en avant-première au Dhaka Art Summit en 2023.
Une démarche une nouvelle fois novatrice et participative dans laquelle un groupe d’interprètes créait une variété de mots en remplissant des moules au sol avec du plâtre. Les sculptures évoluaient au fur et à mesure que le public chantait, dansait et se déplaçait autour des performers pour révéler de nouvelles significations, le tout sur fond d’une electronica tribale créée avec le musicien Micha Volders.
Pour la Biennale de Venise, Miet Warlop adapte le concept et crée le spectacle IT NEVER SSST, véritable sculpture musicale et vivante qui sera présentée quotidiennement au public avec cette fois des compositions signées Deewee, le label des frères Dewaele (Soulwax, 2manydjs). Une sorte de jeu de vagues entre les artistes et la foule internationale de la biennale autour d’une tension centrale: la recherche d’une connexion humaine par les mots dans un monde toujours “en marche”.
Le titre fait référence aux rythmes incessants de la vie quotidienne que trois pom-pom girls affrontent avec enthousiasme. Dans l’architecture transformée d’une salle de supporters, elles s’activent chaque jour avec différentes vagues d’intensité. À l’aide de matières animées et de techniques rituelles, les pom-pom girls rendent les mots palpables, font des tentatives absurdes pour ne pas s’arrêter et répandent la joie de vivre dans une société solitaire.
Le jury d’experts explique pourquoi le projet a été choisi: “Il s’agit d’une des artistes les plus intéressantes du moment. Elle réalise des œuvres passionnantes qui lui ont valu une place importante dans le paysage de l’art contemporain. La proposition combine un grand nombre de thèmes (la performance au sein de notre société trépidante, la linguistique, les rituels, le contournement des règles…) qui se rejoignent dans une dramaturgie passionnante. L’état chaotique dans lequel se trouve le monde aujourd’hui est très palpable dans le contenu très rock ‘n roll de ce spectacle.”
IT NEVER SSST, un projet de l’artiste Miet Warlop et de la curatrice Caroline Dumalin, a été créé avec
le support de KANAL-Centre Pompidou et y sera également présenté en 2027. Ce qui ravit la Directrice Artistique Kasia Redzisz: “Je suis très fière que KANAL soutienne Miet Warlop et le pavillon belge à la prochaine Biennale de Venise. Sa proposition incarne l’esprit expérimental et la pensée audacieuse qui sont essentiels à l’art contemporain d’aujourd’hui. Notre collaboration à long terme reflète l’engagement de KANAL en faveur de l’interdisciplinarité et du soutien aux artistes dans les moments de transformation de leur carrière. Je suis reconnaissante envers l’artiste et le commissariat. Nous sommes impatients de découvrir l’impact de cette œuvre à la Biennale et de l’accueillir à Bruxelles en 2027« .


Images: 1- Miet Warlop, Big Bears Cry Too, Photo Reinout Hiel – 2- Miet Warlop, Portrait – Photo Michiel Devijver – 3- Miet Warlop, SSST – All images copyright the artist